Opus Corsica, l’harmonie au cœur des vignes de Torraccia

Le festival dédié au piano classique, Opus Corsica, revient pour sept soirées à travers la Corse, et mêlera à son répertoire des artistes lyriques ou de la batterie. Un moyen de sortir des sentiers battus, tout en insistant sur la transmission, fil rouge de cette troisième édition

SANDRINE ORDAN CORSE MATIN 15 JUILLET 2022

Se laisser emporter par la musique

Le décor - les vignes de Torraccia - est somptueux. Et dès les premières notes pianotées sur le Steinway, la magie opère quand même les musiciens ne font que s’amuser à laisser courir leurs doigts sur les touches en ivoire du piano à queue. Demain, ils seront tous en habit de gala pour jouer dans ce cadre atypique pour la soirée de lancement de la troisième édition du festival de musique classique Opus Corsica, « et nous reviendrons à Torraccia le 30 juillet », précise l’organisateur, Xavier Torre.

Entretemps, il y aura eu deux concerts à Bastia, le 19 et le 20 juillet, un à Porto-Vecchio, le 22, un autre à l’hippodrome de Viseo, le 28, et la tournée s’achèvera le 11 août à Ajaccio. « On essaie chaque année de proposer des lieux, des villes différentes pour toucher un maximum de personnes. Le seul endroit qui reste, c’est Torraccia, devenu notre cocon emblématique grâce à Marc et Sarah Imbert, qui nous accueillent comme des rois sur leur domaine viticole », sourit Laura Sibella, directrice artistique du festival.

Première le 16 juillet

La jeune femme, originaire de Porto-Vecchio, ouvrira d’ailleurs le bal demain soir par un concert à quatre mains avec l’un de ses anciens élèves du Conservatoire de Corse, le Balanin Jérémie Vuillamier, « qui est également un excellent arrangeur ». La soirée débutera avec une dégustation de vins du domaine « parce que nous avons voulu lier terroir, savoir-faire et transmission au piano. Ce sont des valeurs qui nous rassemblent », reprend Xavier Torre, qui n’omet pas de préciser que « le concert va s’achever au moment du feu d’artifice sur la baie de Pinarello que nous surplombons et sur lequel nous aurons un panorama unique ».

De transmission, justement, il sera question tout au long de ce festival « pour lequel nous avons souhaité rendre hommage à Brigitte Engerer qui a été une immense artiste, et mon professeur au Conservatoire national supérieur de musique de Paris », sourit Laura Sibella. Près d’elle, Varduhi Yeritsyan et Bruno Mantovani acquiescent. La première, pianiste d’origine arménienne, était dans la même classe que Laura Sibella au Conservatoire. Le second, compositeur et chef d’orchestre, parrain de cette édition du festival, a été le directeur de la professeure, « une figure tutélaire incroyable », qui avait d’ailleurs joué avec Varduhi Yeritsyan à Calenzana.

« On a construit tout cela en famille »

« La thématique de la transmission est importante et sera déclinée tout au long du festival, notamment avec des premières parties qui seront assurées par des jeunes de 15 à 19 ans ayant participé au concours Opus Corsica pour deux d’entre eux, tandis que le troisième a fait toutes ses études à Bastia avant d’intégrer le Conservatoire de Lyon et à partir de la rentrée de septembre, celui de Paris, dans la classe de Varduhi Yeritsyan justement », s’amuse Xavier Torre.

Il faut dire qu’Opus Corsica se construit « presque en famille. Au fil des éditions, il y a évidemment eu des musiciens ou chanteurs que nous ne connaissions pas personnellement, mais qui nous ont appelés directement ou étaient des amis d’amis, et petit à petit, une émulation s’est créée », explique Laura Sibella. Même principe pour ceux qui œuvrent dans l’ombre comme le régisseur général Nicolas Pappalardo, ou les hôteliers, restaurateurs, sponsors, mécènes, bénévoles, qui aident d’une manière ou d’une autre à faire vivre le festival : « On a cette chance que l’aide institutionnelle soit largement accompagnée par une famille qui s’est créée autour des artistes. » Et entre eux. Car selon Varduhi Yeritsyan, c’est à Laura Sibella que l’on doit cette synergie : « Je la connais depuis vingt ans généreuse, attentive, tournée vers les autres. Le succès d’Opus Corsica, c’est vraiment le sien. C’est sa patte. »

La pianiste proposera d’ailleurs des soirées inédites où la batterie rejoindra le piano classique, « pour que cela touche davantage le grand public. On a utilisé des pièces du répertoire classique, mais les arrangements de Jérémie Vuillamier et la puissance de la batterie d’André Paoli offrent un mélange de styles intéressant, un vrai chjam’è rispondi ». Ceux qui apprécient l’art lyrique pourront entendre la soprano guyanaise Marie Laure Garnier, victoire de la musique l’an dernier, accompagnée du ténor sartenais Jean-François Marras. Les férus de piano classique devront aller le 30 juillet à Torraccia pour écouter Varduhi Yeritsyan, Jean-Baptiste Fonlupt, Jérémie Vuillamier, Téva Mazoyer et Laura Sibella…

De quoi contenter les amateurs de piano et les curieux, qui voudraient découvrir ces artistes d’exception.

Ce samedi 16 juillet, la soirée débutera à 19h au domaine Torraccia pour une dégustation de vin, avant le concert à 21h. Le détail complet du programme est à retrouver sur le site www.opus.corsica, ainsi que sur les pages dédiées du fetsival sur les réseaux sociaux

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