Journal de la Corse Interview de Laura Sibella par Philippe Peraut
Pour la troisième année, Laura Sibella, pianiste renommée, propose, du 16 juillet au 11 août, le festival Opus Corsica. Une manifestation qui prend sa source, cette année, dans l’Extrême Sud de l’île et qui mettra en lice des artistes prestigieux venus partager avec le public…
« Démocratiser » la musique classique, la sortir des conservatoires et la faire partager à tous les publics, un concept qui se développe déjà depuis quelques temps dans l’île. Le festival « Sorru in Musica » s’inscrit dans cette perspective. Passée par les prestigieuses CNSM de Paris, la Juillard School de New York, entre autres, Laura Sibella a créé il y a trois ans, le festival Opus Corsica qui se décline dans la même démarche à travers son instrument de prédilection, le piano. Partie de Corse à l’âge de 9 ans pour vivre sa passion pour la musique, elle en est revenue avec une solide expérience. Et c’est un peu de son parcours, sa passion et beaucoup de son talent que l’on retrouve au sein du festival Opus Corsica.
Hommage à Brigitte Engerer
« L’objectif, souligne l’artiste, consiste à ouvrir la musique classique, ses compositeurs, ses répertoires à tous. Pour justement faire découvrir cette musique peu connue du grand public. »
Autre concept, et non des moindres, la pratique de ces musiques dans les lieux improbables (Hippodrome de Zonza, voilier en pleine mer, Palais des Gouverneurs de Bastia) pour justement tordre le cou aux clichés dont on affuble, souvent à tort, la musique classique, réservée à une « élite » qui plus est dans des salles exclusivement dédiées. Ainsi, et du 16 juillet au 11 août, le festival va prendre ses quartiers au centre des vignes de Toraccia dans l’Extrême-Sud. D’un côté, la baie de Pinarellu, de l’autre les aiguilles de Bavella. « Une manière, ajoute Laura Sibella, d’unir la musique à la beauté de la nature mais aussi au patrimoine et à la culture. »
Torraccia, Bastia, Zonza et Ajaccio
Pour cette troisième édition, le festival rend hommage à la célèbre pianiste française, Brigitte Engerer, disparue il y a dix ans. À cette occasion, Laura Sibella, directrice artistique de la manifestation, va proposer, dans un cadre idyllique, la rencontre de prestigieux artistes autour du piano pour un voyage musical inédit. Au programme, récitals lyriques, piano classique, créations... « Nous allons également mettre en valeur les jeunes talents insulaires avec trois élèves de 15 à 19 ans qui vont se produire. C’est important de promouvoir notre jeunesse. »
Si le piano constitue l’instrument de base du festival, il peut -et cela fait également partie- se mêler à d’autres. Ce sera le cas cette année avec la batterie…
Après l’ouverture au domaine de Torraccia, avec au passage dégustation de vin, le festival fera une halte à la citadelle de Bastia (19 et 20 juillet) afin de mettre à l’honneur la candidature de la ville en tant que capitale européenne de la culture.
L’occasion d’écouter, cette fois, de la musique lyrique avec les révélations des victoires de la musique 2021 et prix de la critique 2022. Un duo piano-batterie est prévu le lendemain au Mantinum. Puis la caravane du festival prendra ses quartiers à Zonza pour un spectacle sur le plus haut hippodrome d’Europe. Enfin, un concert à Mezu Mare, ponctuera la manifestation le 11 août sur le port de l’Amirauté d’Ajaccio.
« Faire venir des artistes renommés, conclut la directrice artistique, va permettre de découvrir cette musique, la rendre accessible à tous. Et pourquoi pas, susciter des vocations... »
Premières notes au domaine de Torraccia le 16 juillet prochain.
Philippe Peraut