Corse Matin 27 AVRIL 2025 par Ghjilormu Padovani : Adrien Buzzi-Chiocca, jeune prodige du piano
L'enfant de 10 ans, lauréat du Cuncorsu Mediterraniu di Pianò, a remporté plusieurs concours internationaux, dont le réputé Claude-Kahn, ex aequo avec une jeune Chinoise. Elève de l'école ajaccienne Armunia, fondée par sa mère, il étonne par son aisance et ses capacités
Les petits doigts courent sur le clavier et font sauter les mains d'une note à l'autre. Au-delà de l'expression, l'Étude opus 76 n°2 de Jean Sibelius réclame une bonne technique de déplacement. C'est peut-être ce qui a convaincu le jury du dernier concours international de piano Claude Kahn de décerner le premier prix à Adrien Buzzi-Chiocca. Depuis deux ans, le petit ajaccien de 10 ans accumule les premières places des concours auxquels il participe. À l'Opus Corsica de Portivechju, au concours international de piano de Paris (CIP) deux années de suite. Son talent n'est pas né ex nihilo.
"J'aime jouer et monter sur scène"
C'est sa mère, Éveline Chiocca-Grasselli, professeur de piano, qui l'a initié à l'instrument roi. Adrien a toujours évolué dans cet environnement mais c'est au moment du Covid qu'il a commencé réellement à pianoter. "C'est venu naturellement, explique-t-elle. Il était présent lorsque je donnais mes cours et il s'y est mis."
L'enfant qui baigne dans la musique depuis le ventre de sa mère, sensible aux mélodies, progresse très vite. À 8 ans, il était déjà en 2e cycle, 1re année, l'équivalent de 5 ans de piano. Il fait sa première scène en 2021 à l'occasion du petit concert de fin d'année de l'école. Une révélation. Au-delà du piano, se produire devient un jeu particulièrement craint par d'autres musiciens, plus "traqueurs". Il le résume simplement, avec ses mots : "J'aime jouer et monter sur scène." Presque un paradoxe pour ce garçon calme et appliqué qui parvient à gérer une pression parfois considérable.
Comme le rappelle sa mère, "les concours de piano sont terriblement exigeants, vous n'avez pas le droit à la moindre erreur ni même parfois à un simple échauffement". Au rythme de trois à quatre concours annuels, Adrien ne cesse de progresser dans un milieu très relevé.
L'école Armunia complémentaireau conservatoire
Au concours Claude Khan cette année, il est arrivé premier ex aequo avec une jeune Chinoise, face à des musiciens venus du monde entier. En plus de l'étude de Jean Sibelius, l'expression qu'il a proposée pour la 3e Romance sans parole de Gabriel Fauré a su convaincre.
Avant le 15 mai, il participera à une nouvelle sélection pour le CIP, cette fois pour un quatre mains sur la Petite musique de nuit de Mozart avec un autre élève de l'école Armunia, Marc Leca, âgé de 14 ans. Adrien aura l'occasion de jouer l'un de ses compositeurs préférés, avec deux autres incontournables, Bach et Chopin. L'ambiance de l'école Armunia n'est sans doute pas pour rien dans la trajectoire du jeune prodige. Sa mère, ancienne élève du conservatoire de Paris, a créé Armunia à son retour à Ajaccio en 2007, pour proposer "une structure complémentaire au conservatoire". "Il reçoit beaucoup de demandes et ne peut pas accueillir tout le monde, explique Éveline Chiocca-Grasselli, et c'était également l'occasion de proposer un autre enseignement, je m'adapte beaucoup à la personnalité de chacun." Un enrichissement qui a fait ses preuves avec Adrien.
Ghjilormu Padovani
PHOTO FANNY HAMARD